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QUELQUES POINTS CLE DU CONTRAT D'ARCHIVAGE ELECTRONIQUE

L'archivage consiste à conserver, à moyen ou long terme des informations afin de pouvoir les exploiter ultérieurement. L'archivage permet ainsi d'assurer la fidélité et la durabilité de l'information conservée. Aujourd'hui, en raison du développement considérable des données sous forme dématérialisée, les supports traditionnels d'archivage (papier ou microforme) des documents sont progressivement remplacés par des système d'archivage électronique. Lors de la détermination des modalités de mise en œuvre de l'archivage, l'entreprise a le choix entre la création d'un service d'archivage en interne, ou l'"externalisation" de cette prestation. Dans ce dernier cas, un contrat spécifique doit alors être établi à cette occasion.

Au plan juridique, quelques points essentiels doivent faire l'objet d'une attention particulière lors de la conclusion d'un contrat d'externalisation de la fonction d'archivage électronique.

1. Quelques questions préalables :

Le contenu du contrat d'archivage dépend des besoins exprimés par l'entreprise, donneur d'ordre.

Pour ce faire, l'entreprise devra préalablement mener une réflexion sur ses besoins réels et répondre notamment aux questions suivantes :

L'entreprise doit déterminer si l'archivage répond à de simples impératifs pratiques d'exploitation ou s'il s'inscrit dans le cadre d'une obligation légale d'archivage.

L'entreprise devra par ailleurs s'interroger sur l'utilisation future des archives. Les données, une fois archivées, seront-elles exploitées par la seule entreprise ou devront-elles constituer un moyen de preuve lors de la survenance d'un différend éventuel (contrôle fiscal, instance judiciaire, etc.) ?

L'entreprise doit définir clairement la nature et le type de données à archiver.

La confidentialité et le caractère éventuellement stratégique des données à archiver devront être pris en compte (incidences en termes de chiffrement et de signature)

La durée de conservation des données à archiver devra être clairement déterminée par l'entreprise. En effet, plus la durée de conservation est longue, plus les coûts associés sont importants (notamment en termes d'obsolescence et d'évolutivité des supports).

Le plus souvent, les besoins de l'entreprise varieront en fonction des contraintes légales (fort nombreuses) qui s'imposent à elle (prescription civile ou commerciale, législation comptable, sociale et fiscale, biens immobiliers, etc.).

Une distinction devra en conséquence être le plus souvent opérée par catégorie d'archives en fonction de la nature juridique des données à archiver et des exigences propres à chaque législation.

L'entreprise devra s'interroger sur la fréquence et le mode de consultation des données archivées.

Une nouvelle distinction pourra alors être opérée par l'entreprise (délai d'accès, fréquence d'accès, délai de restitution).

Les coûts associés devront être alors clairement déterminés (incidences télécoms, coûts fixes et proportionnels, etc.).

2. Les obligations du tiers archiveur

En pratique, le tiers archiveur doit notamment remplir les obligations suivantes :

Les données devront être conservées dans des locaux protégés physiquement contre les risques majeurs (incendies, dégâts des eaux, vols, etc.). Les conditions d'accès physique aux locaux d'archivage devront être contrôlées (protocole d'accès, habilitations, etc.).


De même, le tiers archiveur devra justifier de mesures de sécurité logique garantissant un seul accès autorisé et contrôlé aux données archivées (horodatage, signature électronique, journalisation, etc.).

Le tiers archiveur doit s'engager à conserver l'intégralité des données reçues, sous la forme et le format convenus avec l'entreprise. L'entreprise doit en effet pouvoir compter sur l'intégrité et la fidélité des données archivées par rapport aux données d'origine.


Toutes les dispositions devront être prises pour assurer la durabilité des données archivées, ce sur la durée prévue au contrat.

Le tiers archiveur devra notamment garantir l'évolution de ses systèmes de stockage. Les modes de suivi et de contrôle des données archivées devront être définis (périodicité, nature des tests sur les supports, opérations de transfert, etc.).

La confidentialité des données archivées devra être assurée par le tiers archiveur. Un ensemble de mesures devront être prises à cet effet (engagement de confidentialité, authentification, chiffrement, etc.)

Les données personnelles à archiver devront faire l'objet d'une attention toute particulière.

La localisation des opérations d'archivage et de stockage doit pouvoir être identifiée par l'entreprise, notamment aux fins de restitution.

En cas de recours du tiers archiveur à la sous-traitance, des garanties spécifiques devront être mises en oeuvre afin de protéger les données archivées.

Le tiers archiveur doit s'engager sur la restitution des données archivées dans l'état technique où elles se trouvaient au moment où elles lui sont parvenues. La restitution doit être en effet opérée sous une forme exploitable par l'entreprise propriétaire des données.


Les données devront pouvoir être restituées en fin de contrat ou en cas de cessation d'activité. Des solutions spécifiques devront être mises en oeuvre en cas de différend (impayé, désaccord, etc.).

Les données restituées en fin de contrat devront autoriser la réversibilité (réinternalisation de la fonction archivage) ou le transfert à un autre tiers archiveur.

La définition du niveau de service attendu (taux de disponibilité, performance du service, délai de restitution des documents) doit faire l'objet d'une attention particulière.

Dans le cadre de la rédaction du contrat, il est possible de renvoyer à différentes normes (dont une norme NF) qui fournissent un ensemble de précisions concernant les mesures techniques à mettre en place pour l'enregistrement, le stockage et la restitution des données électroniques afin d'en assurer la conservation et l'intégrité.

3. Les obligations de l'entreprise donneur d'ordre

Des procédures spécifiques devront être mises en oeuvre par l'entreprise afin d'autoriser un strict contrôle des interventions sur les archives. La gestion des droits d'accès devra être clairement établie (suivi des personnes habilitées : émission, perte d'accréditation, etc.) et les responsabilités déterminées (accès non autorisé, etc.)

L'entreprise devra s'assurer que le contenu des données archivées est bien conforme au contenu initial.

De telles prestations peuvent être réalisées par un autre tiers de confiance en charge de la certification du contenu.

4. La responsabilité

Les obligations assumées par le tiers archiveur sont souvent qualifiés d'obligations de moyens ; la responsabilité du tiers archiveur ne peut en conséquence être engagée qu'en cas de faute qu'il appartient au donneur d'ordre de prouver.

Le tiers archiveur ne peut en aucun cas être responsable du contenu des données à archiver.

En général, des clauses limitatives de responsabilité sont souvent imposées par le tiers archiveur ; elles doivent, en conséquence, être négociées avec précaution.

Enfin, l'entreprise doit veiller à obtenir du tiers archiveur la justification de la souscription d'une police d'assurances couvrant un certain nombre d'évènements susceptibles d'entraîner la perte des données confiées.

 

En conclusion : La mission d'archivage confiée à un tiers de confiance, définie par le contrat d'archivage, doit être exhaustive et prendre en considération l'ensemble des besoins de l'entreprise, notamment en termes de confidentialité et de sécurité. Les nécessaires considérations techniques inhérentes notamment au processus d'archivage devront être clairement définies afin de répondre à d'incontournables impératifs juridiques.


 

- Fiche point de vue : mars - avril 2006 -

© Mascré Heguy Associés - mars - avril 2006

 

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